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La musique et le language

La musique possède des niveaux de hiérarchie dans sa structure qui donnent à penser que les traits perçus sont la forme supérieure de la signification des éléments physiques qui les composent.

Ludwig van Beethoven : Symphonie no 9, ré mineur, op. 125 - Partition autographe, 4ème_mouvement

Mais comme le prouvent les récents travaux sur la cognition musicale, cette hiérarchie dans la perception ne s’analyse pas de façon scientifique, positiviste, causaliste : aucune prédiction scientifique n’est en mesure de deviner notre réaction émotive face au contenu de la musique (comme de tout œuvre).

On ne peut plus parler, comme ce fut la mode dans les années 70, de langage musical ; ou bien faut-il préciser que c'est dans un sens très large de ce terme : le langage concernerait la multitude des situations où des signes expriment quelque chose. Mais tous ces langages-là ne possèdent pas obligatoirement la double articulation entre des unités signifiantes (morphèmes ou monèmes) et des éléments sonores, unités distinctives de l’expression phonique (phonèmes), telle que l’a définie Martinet (André MARTINET, La linguistique synchronique, 1965).

On pourrait alors dans cette vision élargie tout aussi bien parler d’un langage mathématique ou du langage des fleurs, comme l’on parle du langage informatique.
Or, dans l’acception correcte du terme, ces pseudo-langages ne sont avant tout que des codes. La musique, pour sa part, ne délivre aucun message, aucun symbolisme universel. L’ambiguïté de la communication musicale dénonce une quelconque analogie avec le langage symbolique ou avec un système de code.

Elle n’est ni un langage, ni un pseudo-langage
(code, système de signes, etc.).
Un site allant contre les idées reçues a publié un article allant dans le même sens.

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La musique a tous les sens et même au-delà ; elle transmet un caractère qui lui est immanent, elle existe au-delà des objets ou des éléments qui la composent.

On ne saurait dire non plus qu’elle est “le langage moins le sens” : on réduirait alors sa force d’expression. Certains formalismes de la théorie, musicale comme la théorie sérielle généralisée, ont ainsi eu tendance à réduire le sens de la musique à sa structure hiérarchique, et ont, de fait, abouti à des échecs.

Du coup, il faut essayer de se suffire du particularisme de la communication esthétique en général, et de la puissance de l’expression musicale en particulier.

L’artiste aborde une vision neuve et se défait de ces concepts catégoriels qui, en servant de fondement à des formes d’appréhension du réel totalement différentes, encombraient trop souvent notre conception de l’art.

Par contre la musique sait écrire ...

Écrire avec sa voix :

Tran Quang Hai, ethnomusicologue (lancez la vidéo)