Une voix, une âme :
« C’est bien en cela que l’art de Louis-Jacques Rondeleux apparaît si particulièrement attachant et dissuasif. Comme il en est ainsi de tous ceux pour lesquels la musique n’est pas seulement la musique, n’est pas seulement un but, mais le moyen d’exprimer des sentiments, une communication humaine.

Cette voix, puissante et chaude, aux brillants reflets cuivrés, il sait en conduire la grande étendue avec une souplesse et une intelligence qui lui permettent d’accéder aux répertoires vastes et variés de la musique de chambre, de l’opéra, de la comédie lyrique, de l’oratorio profane ou sacré. Il semble bien que se soient incarnées en lui les nobles vertus qui font d’un chanteur, pendant sa vie, l’interprète prédestiné, nécessité par la permanence de la musique, non seulement d’un temps, ou d’une époque, d’un style ou d’un genre, mais de tous et de tous les temps, jusqu’au sien, en lui donnant le sens et l’opportunité dans le choix et l’utilisation des moyens qui confèrent à ses interprètes leur évidence et leur authenticité.
Une voix, une âme ?
Oui : ce sont bien la voix et l’âme de la musique qui se reflètent en Louis-Jacques Rondeleux. »
Henri Sauguet (1901-1989) - Paris, décembre 1963
Entre la fin des années cinquante et le milieu des années soixante, Louis-Jacques Rondeleux a effectué une carrière au cours de laquelle il a eu l’occasion d’explorer tous les répertoires de la musique du Moyen Age jusqu’à la création contemporaine.
La plupart de ces enregistrements ont étés conservés à la bibliothèque nationale et sont consultables sur le site de Gallica
Cette richesse de répertoire lui a permis de mener par la suite une seconde carrière, consacrée à l’enseignement. Il a d’abord travaillé auprès de Maurice Béjart qui l’a invité à Bruxelles pour monter un atelier réservé aux danseurs (Mudra). Puis il a obtenu un poste de professeur au conservatoire national d’art dramatique de Paris, où il a enseigné, cette fois à des comédiens, l’art de « trouver sa voix ».
Soucieux de transmettre au plus grand nombre le fruit de son
expérience, il l’a couchée sur le papier.
En 1977, dix ans avant de prendre sa retraite, il publie un ouvrage
portant ce titre aux
éditions du Seuil. Trouver sa voix est un livre
pratique; mais tout au long des exercices proposés, plus
encore qu'un instrument vocal, c'est nous-mêmes que nous
construisons. Car :
« C'est par la voix que le conscient s'ouvre
à l'inconscient, et l'homme à lui-même et
à l'Autre ».
(Denis Vasse, L'Ombilic et la Voix),
Souvent
réédité depuis (la
dernière édition à ce jour date
de 2004), cet ouvrage a connu un vif succès. Entre expérience
phoniatrique et
théâtrale, il est reconnu auprès des
amateurs comme des professionnels, tant il
comble un manque éditorial, heureusement rattrapé
depuis. Ce public nouveau a
découvert l’importance d’une technique
fondée sur un schéma corporel complet et
non plus seulement sur une simple virtuosité.